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Nouvelles

Jul 16, 2023

Niger : les coupures d'électricité s'aggravent sous l'effet des sanctions

avec l'AFP

Dans le quartier populaire du Lazaret à Niamey, des cris de joie saluent le retour de l'électricité coupée depuis près de cinq heures : depuis une semaine, la capitale nigérienne subit d'importants délestages, conséquence directe des sanctions régionales après le putsch du 26 juillet. .

Dans le quartier voisin de Dan Zama, Mohamed tente de rassurer les enfants qui en ont assez d'attendre le retour du pouvoir pour se faire coiffer. "Sourou, sourou" (patience, patience, en langue djerma), répète le coiffeur avec un large sourire.

Mercredi, le Nigeria a annoncé qu'il couperait l'approvisionnement en électricité de son voisin, conformément aux sanctions décidées par les voisins ouest-africains du Niger.

Quelques jours plus tôt, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), dirigée par le président nigérian Bola Tinubu, avait décidé de sanctions contre les militaires qui ont renversé le 26 juillet le président élu Mohamed Bazoum.

Outre un ultimatum d'une semaine pour rétablir l'ordre constitutionnel et la suspension des transactions financières avec le Niger, la CEDEAO a décrété le gel de toutes les transactions de services, y compris les transactions énergétiques.

En temps normal, Niamey est déjà soumise à des coupures d'électricité régulières en raison des pannes du réseau nigérian, où la Nigerian Electricity Company (Nigelec, unique fournisseur du pays) achète 70 % de l'électricité qu'elle fournit. au Niger, selon un rapport de 2022 de cette société.

Pour approvisionner ses abonnés, Nigelec doit désormais s'appuyer uniquement sur sa maigre production locale, loin de couvrir les besoins de la capitale et de ses près de 2 millions d'habitants.

"Pour l'instant la fréquence des coupures - de quatre à cinq heures - est supportable, mais on craint le pire en cas de panne d'une des turbines", s'inquiète Mohamed le coiffeur, également ancien mécanicien.

Pour continuer à travailler, il s'est équipé de tondeuses solaires rechargeables. Mais son chiffre d'affaires a déjà baissé : alors qu'il avait auparavant "une quinzaine" de clients, il n'en a plus que "cinq par jour".

Dans l'atelier d'Issa Adamou, situé en face du salon de Mohamed, les machines à coudre électriques sont à l'arrêt. "Nous attendons l'électricité avec impatience", grogne Issa en frappant avec son ventilateur les moustiques qui attaquent ses pieds.

Dans la pénombre, à une rue de là, des jeunes prennent le thé dans un "fada" (club), sur fond de croassements assourdissants de grenouilles dans un étang voisin. "Le Nigeria doit trouver un autre moyen de pression car nous sommes immunisés contre les coupures d'électricité, nous pouvons tenir longtemps", argumente l'un d'eux, Aziz Hama.

Mais "ces réductions arrivent au mauvais moment alors que les prix des produits s'envolent à cause des attaques (jihadistes) qui perturbent l'approvisionnement du pays", fustige Kadi Moukaïla, un restaurateur. "Les clients ne sont pas contents car il n'y a plus de boissons fraîches ici", s'énerve-t-elle.

A Gaweye, sur l'autre rive du fleuve Niger, Elhadj Tidjani, septuagénaire, ne s'emporte pas : "A cause de ces maudites coupures, on n'entend plus les appels à la prière sur les haut-parleurs". Dès que le courant est coupé, des générateurs de toutes tailles prennent le relais dans plusieurs magasins, stations-service, pharmacies et villas cossues.

Le soir, des petits vendeurs s'installent près des rues éclairées par des lampadaires solaires. D’autres s’éclairent grâce à des lampes chinoises à piles ou à énergie solaire, dont les prix ne cessent d’augmenter.

"Il ne s'agit plus de pannes électriques ordinaires, par précaution nous avons acheté un nouveau groupe électrogène en renfort", lance Moussa Abba, propriétaire d'une pharmacie. "Pour éviter d'énormes pertes, je stocke le moins possible", explique Halidou Jika, vendeur de produits surgelés.

Souley Kanta, magasinier, assure que « les Nigérians sont prêts à faire le sacrifice suprême pour mettre fin au néocolonialisme ».

La mise en service le 25 août d'une nouvelle centrale photovoltaïque de 30 mégawatts construite près de Niamey grâce à un prêt français et un don de l'Union européenne va renforcer le potentiel de Nigelec, assure l'un de ses dirigeants.

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